L’île de Mayotte est un carrefour de migration des tortues marines du sud-ouest de l’océan Indien. Destination de reproduction et lieu d’alimentation, nos eaux présentes des conditions particulièrement favorables pour accueillir tous les stades de vie de ces espèces.
Les espèces de tortues marines à Mayotte
Parmi les 7 espèces de tortues marines dans le monde, 5 espèces fréquentent les eaux de Mayotte. Deux d’entre elles s’observent sur les plages mahoraises et dans notre lagon.
Carapace bombée aux écailles jointes
Deux écailles préfrontales
Bec rond
La Tortue Verte
La tortue verte, Chelonia mydas, est la plus fréquente dans les eaux de Mayotte.
La Tortue imbriquée
La tortue imbriquée, Eretmochelys imbricata, est aussi communément observée à Mayotte.
Carapace aux écailles superposées
4 écailles préfrontales
Bec pointu
Bordure crantée chez les jeunes tortues
Grosse tête
Cou trapu
Couleur brun-oranger
Arrière de la carapace tronquée
5 paires d'écailles costales
La Tortue Caouanne
La tortue caouanne, Caretta Caretta est occasionnellement observée sur les récifs barrières.
La Tortue Luth
La tortue luth, Dermochely coriacea, est croisée par les pêcheurs au large et quelques rares fois à l’intérieur du lagon.
📸 © Philippe Payet / Office français de la biodiversité
Carènes dorsales
Tête massive ornée d'une tache rose
Longues nageoires antérieures
Carapace sans écaille avec un aspect cuir
Carapace presque ronde
Bec crochu
Couleur gris-verdâtre
La Tortue Olivâtre
Les rares observations de tortue olivâtre Lepidochelys olivacea a été faite dans nos eaux, péchée accidentellement.
Le lagon de Mayotte est un habitat exceptionnel pour les tortues marines. L’importante fréquence d’observation sur les plages et dans le lagon, laisse difficilement croire que ces espèces risquent de disparaître si aucun effort n’est fait pour les préserver.
22% du littoral de Mayotte sont considérés comme des lieux favorables pour la reproduction des tortues : 135 sur 200 plages ont été définies comme sites de pontes pour les tortues vertes et 63 pour les tortues imbriquées. Chaque année, environ 100 tortues imbriquées et entre 3000 et 5000 tortues vertes viennent pondre sur les plages mahoraises.
Mayotte est également considérée comme un hot spot d’alimentation pour les tortues vertes : près de 2 000 individus fréquentent les herbiers.
Ces chiffres impressionnants font de Mayotte un site primordial pour les tortues marines à l’échelle régionale. Cette particularité procure à l’île une grande responsabilité : la sauvegarde des populations de l’océan Indien dépend de l’état des populations de tortues à Mayotte.
Les tortues marines, du fait de leur grande longévité et la vulnérabilité de leurs habitats, sont très sensibles aux impacts humains. A Mayotte, les habitats naturels sont particulièrement favorables à l’accueil de ces espèces, mais les pressions humaines émergentes et croissantes dégradent de plus en plus leurs conditions de vie.
Le braconnage, première cause de mortalité des tortues marines à Mayotte, est à l’origine de 350 tortues marines dépecées sont retrouvées par le REMMAT par an. Les importants bénéfices réalisés en vendant de la viande de tortues encouragent les réseaux illégaux. Les peines infligées par la Justice aux braconniers ne semblent pas dissuasives. Nous estimons que 10% des femelles pondeuses sont victimes de braconnage : les conséquences sur la viabilité de la population de tortues seront dramatiques.
En plus du braconnage, les tortues sont exposées à de nombreuses autres pressions d’origine humaine. Les chiens errants consomment les œufs et attaquent les femelles en ponte en leur infligeant de graves blessures, parfois mortelles.
En mer, la pêche accidentelle met en péril les tortues : régulièrement, des tortues sont signalées après avoir avalé un hameçon. L’utilisation du filet de pêche est réglementée sur les habitats des tortues marines pour éviter les captures accidentelles. Pourtant, le non-respect de la réglementation entraine régulièrement l’enchevêtrement de tortues dans les filets non surveillés.
L’anthropisation galopante du littoral favorise l’érosion entraînant un envasement des habitats naturels dont les herbiers marins et les récifs coralliens, lieux d’alimentation des tortues marines. L’ingestion de macrodéchets par les tortues par confusion avec des proies peut mener à l’obstruction intestinale. Les déchets s’accumulant en mer et sur les plages présentent un risque d’enchevêtrement et gênent les tortues dans la réalisation de leurs nids sur les plages. Le long du littoral, la pollution lumineuse et la dégradation des plages de ponte diminue le succès reproducteur de l’espèce en perturbant les pontes et les émergences.
Au regard de l’ensemble de ces menaces locales et du statut de conservation des tortues marines dans le monde, la mise en place urgente de mesures de réduction de la mortalité des tortues marines est nécessaire et justifie nos actions.
Oulanga na Nyamba est une association créée en 1998 par des passionnés du patrimoine naturel mahorais, afin de sensibiliser la population de Mayotte à la protection des tortues marines.
